"Nous avons été infidèles à notre république" : Fred Houénou sonne l’alarme sur les dérives communautaristes

Dans une tribune publiée ce 22 novembre, Fred Adriano Houénou, acteur politique engagé et membre du Bloc Républicain invite les Béninois à s’interroger sur la question fondamentale de l’identité nationale. Il estime que cette problématique touche au cœur même de la société béninoise, affectant ainsi le progrès collectif et fragilisant l’unité nationale.

Il dénonce dans sa réflexion les discours qui, sous couvert de célébrer les spécificités culturelles et régionales, sapent les fondements de la communauté nationale. Fred HOUENOU plaide pour une réaffirmation des valeurs républicaines et un rejet des dérives communautaristes, qu’il considère comme des freins à la construction d’une véritable citoyenneté béninoise.

À travers un retour sur l’histoire et les figures emblématiques du pays, il fait savoir que l’identité béninoise s’est forgée dans la diversité mais aussi sous le sceau d’une République démocratique et laïque, porteuse d’un idéal unificateur. Dans un monde globalisé, il appelle donc à une mobilisation collective pour renforcer cette unité, condition essentielle pour relever les défis du développement.

Cette réflexion lucide et engageante interpelle chacun sur son rôle dans la construction d’un Bénin uni, aujourd’hui comme demain.

Ci-dessous l'intégralité de sa tribune 

Cotonou le 22 /11/2024.

    Mes chers amis, 

 Je voudrais aborder aujourd'hui une question importante de notre société.

 J'aimerais parler de l'identité béninoise, parce que la question de l'identité nationale n'est pas un débat que pour les seuls universitaires.

   C'est une préoccupation nationale qui touche nombre de nos concitoyens au cœur, déboussole de plus en plus notre société et paralyse l'idée même de progrès et d'amélioration de la condition humaine.

  En effet de plus en plus de discours d'hommes politiques et parfois même de citoyens anodins ignorent notre progrès collectif et condamnent notre héritage commun.

  Ces messages prononcés à divers occasions instrumentalisent notre richesse culturelle ( religions, arts, spectacles, langues etc..) pour mieux nier notre communauté nationale au prétexte d'une prétendue valorisation de l'identité de nos régions.

   Il est vrai que notre pays est une terre traversée d'histoires et de géographies rendant chacun libre d'écrire son propre roman national, mais cet ouvrage ne doit en aucun cas perdre de vue que l'histoire est un bloc. L'histoire c'est l'histoire de la république et la république du Bénin n'est pas une mosaïque de tribus ennemies les unes des autres, écrivant par elles-mêmes leur propre vérité.

  Cette situation préjudiciable pour notre unité nationale; je pense que c'est justement notre lâcheté politique qui l'a rendue possible. En effet depuis l'ère du renouveau démocratique, nous n'avons cessé en tant qu'état de reculer devant toutes sortes de revendications communautaristes au nom du droit à la différence culturelle et à l'auto détermination.

   Nous avons donc été infidèles à notre république; une et indivisible, à la laïcité et à la citoyenneté réelle, parce qu'au delà de nos origines, de nos régions, et même de nos religions, nous sommes d'abord et avant tout; béninois. Et nous ne pouvons continuer d'ignorer les instruments et les références que l'histoire nous lègue sur la construction du sentiment national chez nous. 

    Si vous voulez ;  à mon avis ; la question fondamentale est la suivante: 

 Se sentait-on béninois à Abomey sous le roi Ghezo, le roi Glèlè, le roi Behanzin ?

  Se disait-on béninois à Parakou sous Bio GUERA ? à Natitingou avec KABA ? à Porto Novo sous le roi TOFFA ?

   En effet notre identité n'a jamais relevé d'une géographie évidente.

  Si identité, il y'a ;  c'est bien parce que l'histoire a su opposer à cette pluralité de cultures, les vertus centralisatrices d'une république forte. Contre les féodaux ; l'état, contre les privilèges de naissance; la loi, contre les prébendes; le droit, contre le sectarisme; la laïcité. Mais aussi par la communion de la langue, et enfin sous le sceau d'une république démocratique et laïque, l'identité béninoise s'est réalisée pas à pas.

  Nous sommes donc les héritiers de cette synthèse active que le président kEREKOU appela république populaire du Bénin le 30 novembre 1974. 

  Maintenant, voici ce que je crois: nous sommes environ 13 millions de béninois dans un monde de 9 milliards d'hommes en quête de progrès et de mieux être. Personne ne nous fera cadeau si nous ne sommes pas capables de nous rassembler pour promouvoir une seule communauté nationale. Nous ne nous en sortirons pas en laissant chacun se promener avec sa lampe torche, l'incendie nous emportera tous. 

  J'estime que l'état hésite à aller au bout de sa mission et cela n'a que trop duré. 

   Par ailleurs j'invite chaque béninois à savoir que politiques ou simples citoyens, chacun tient entre ses mains, une part du succès national, alors unité aujourd'hui, unité demain, unité toujours.

   Merci et à très bientôt.

 Fred Adriano HOUENOU.

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